Les malaises du cinéma malgache évoqués aux Rencontres du Film Court de Madagascar

Et… Action! La 12e édition des Rencontres du Film Court de Madagascar a débuté ce vendredi 21 avril à l’IFM et ne se terminera que le 29 avril prochain. Une fois encore, les cinéphiles, amoureux de l’art ou simples curieux, se donnent rendez-vous pour une dizaine de jours pour visionner les quelques 350 films courts programmés, venus des cinq continents. Car les Rencontres du Film Court, c’est tout d’abord cet événement qui offre l’opportunité au public de découvrir des films proposés par des réalisateurs, des  faiseurs de films  comme Laza, le Président de ce festival, les appelle. Mais elles sont aussi une plateforme qui permet à ces artistes de se réaliser. Qu’y a-t-il de plus satisfaisant, en effet, pour un cinéaste que de voir son film projeté sur un écran de cinéma ?

Par ailleurs, le festival est aussi une occasion de se rencontrer, surtout pour les cinéastes malgaches, et de rencontrer leurs confrères étrangers qui y participent. Des conférences sont de ce fait organisées en parallèle avec des séances de projection et des ateliers.

Les panelistes de cette table ronde sur le cinéma malgache

Parmi elles, la conférence intitulée  Urgence d’Etat, Etat d’urgence  a vu la participation des professionnels du septième art samedi 22 avril. Cette table ronde a eu pour objet de faire un état des lieux sur la situation économique et politique qui encadre l’industrie du cinéma. Les problèmes récurrents tels que l’absence d’une politique de développement du cinéma malgache, les aides à la production inexistants dans le pays, et le manque de système de distribution et de diffusion, ont été évoqués sans tabou.

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Les réflexions ont porté sur l’avenir du cinéma malgache et son rayonnement dans le monde. En 12 ans d’existence, les Rencontres du Film Court de Madagascar ont déjà permis aux cinéastes malgaches de se faire une place dans le milieu du septième art. Malheureusement, cela ne suffit plus car pour faire du cinéma, il faut de l’argent, des formations et tout un système ; un environnement inexistant à Madagascar. Urgence il y a donc.

Comme les Rencontres du Film Court de Madagascar sont autant un festival panafricain, indo-océanique que national, Cheick Oumar Sissoko, SG de la Fédération Panafricaine du Cinéma (Fepaci) a tenu à se mettre aux côtés du Président du festival. En effet, il veut contribuer à dénoncer ces difficultés auxquelles le cinéma malgache fait face. Grand absent de ce débat : le représentant de l’Omaci. Aucun représentant du Ministère en charge de la culture n’a également fait le déplacement.

Les professionnels du 7e art malgache se soucient de leur avenir.

Cela n’a pourtant pas empêché les interlocuteurs de discuter de la proposition de loi que l’Omaci a déposée auprès du gouvernement. Une proposition de loi que les professionnels jugent controversée. Malgré les plaintes qu’ils ont déjà déposées auprès de l’Office du cinéma, certaines dispositions sont encore considérées anti productives et doivent être rediscutées. Un toilettage nécessaire que ces professionnels ont du mal à faire face aux réticences que les instances étatiques affichent en filigrane.

Pourtant d’un côté, cette volonté de mettre en place une loi est une bonne chose selon l’explication du SG de la Fepaci. Mais, de l’autre côté, une loi ne doit pas devenir un frein pour le développement de cette industrie dans un pays riche en talents comme Madagascar, souligne-t-il. Au contraire, elle doit être protectrice pour le cinéma local que ce soit pour les grosses productions ou les productions de taille réduite. Elle doit également être en harmonie avec le développement cinématographique régional et mondial.

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D’ailleurs, des exemples concrets peuvent être pris pour modèles dans la région et en Afrique. L’Ile Maurice nous devance par exemple sur le système de financement même si les petits producteurs mauriciens sont encore sur la table de négociation pour leur survie. Puis, les dispositions prises par les professionnels maliens, qui se sont penchés durant un mois juste pour pondre une loi favorable au développement du cinéma au Mali, sont aussi une méthodologie qui mérite d’être suivie. D’autres pays comme le Nigeria avec son système Nollywoodien, le Burkina avec son Fespaco, ou encore le Maroc avec son système de formation ont également montré la voie.

Il encourage ainsi les professionnels à remettre sur table la discussion sur cette proposition… Pourtant, les professionnels ont du mal à accéder à la version de ce document que l’Omaci a déposé auprès du gouvernement.

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