Candy Radifera : Jeune productrice de cinéma, qui n’a pas peur des défis.
- Rédaction
- Culture261, Madagascar
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Candy Radifera est une des rares productrices de cinéma à Madagascar. Les dates et les conditions d’adhésion aux divers festivals de cinéma et des guichets de financement de films n’ont plus aucun secret pour elle, et son apport dans la fabrication d’un film reste incontournable pour les professionnels. Pourtant, son poste est souvent confondu avec celui du réalisateur. Candy Radifera nous livre quelques détails sur son parcours et ses expériences dans l’industrie du 7e art.
Quel rôle joue le producteur dans la création d’un film ?
Le producteur est celui qui accompagne le réalisateur dans la concrétisation de son projet : de l’écriture et, ou le perfectionnement du scénario, la recherche de financements, la mise en place du tournage, jusqu’aux finitions et la sortie du film. Il a aussi la responsabilité artistique du film. C’est un peu le « maître d’orchestre » du projet. Avoir un producteur permet donc de bénéficier de son expertise, de son réseau professionnel et aussi de sa notoriété. Mais dans certains cas, les réalisateurs choisissent de s’auto-produire.
Quelles qualités et qualifications a-t-on besoin pour exercer ce métier ?
A Madagascar, actuellement il n’y a pas de formation en production. Les producteurs se forment sur le tas et découvrent le métier au fil de ses expériences et ses échecs. Pourtant il est plus que nécessaire d’avoir un minimum de formation pour être capable d’accompagner un projet jusqu’au bout et surtout, de produire une œuvre de qualité. Cela étant, il n’y a pas UNE unique façon de produire un film, chaque producteur a sa propre stratégie. La production est un métier passionnant et remplis de défis où l’art, le management et la finance se rencontrent.
En ce qui me concerne, je suis tombée un peu par hasard dans le monde du cinéma car à la base, lors de mes études en multimédia, j’étais dans le graphisme et le webdesign. J’ai fait mon stage de fin d’étude chez Endemika Films et j’ai bénéficié de la formation en production de documentaire d’auteurs organisé par DocMonde et les ACP.
Plus tard, je me rends compte qu’en tant que productrice, il est nécessaire de maîtriser l’aspect financier du travail si on veut produire de plus grands projets. Je décide alors de suivre en parallèle à mon travail, des études en finances et comptabilité à l’INSCAE, où j’ai d’ailleurs fait mon mémoire sur une étude de cas d’un de nos projets.
Maintenant, même si au pays nous n’avons pas de formation en production, dans le monde, plusieurs organismes proposent des programmes de formation ou de renforcement de capacité, comme l’EURODOC ou The Creative Producer Indaba.
En Novembre 2022, en tant que bénéficiaire du fonds Doc-A, j’ai eu la chance de participer au Real Reel Impact Lab, un workshop sur la production d’impact. En outre, lorsqu’on dépose un dossier de demande de subvention, et qu’on échoue à l’obtenir, on a la possibilité de demander un feedback du jury. Cela permet de voir les lacunes du projet mais aussi les erreurs du côté du producteur.
Le monde du cinéma, surtout en Afrique francophone est encore dominé par les hommes, comment les jeunes productrices comme toi peuvent-elles faire leur place dans ce milieu ?
Bizarrement, je n’ai pas spécialement ressenti de problème en tant que femme productrice. Au contraire, les femmes sont aidées et encouragées dans le monde du cinéma. Il existe des fonds et des aides qui ne sont ouvertes qu’aux projets portés par une femme. Le tout est de savoir s’affirmer, de grandir en expériences et de montrer que l’on est tout aussi capables que les hommes.
Le fait d’être « jeune » cependant, est une autre histoire. On doit faire preuve de beaucoup de courage et de détermination, car souvent on sera recalé face à des producteurs plus expérimentés. Il ne faut surtout pas se laisser décourager ou baisser les bras. Et encore une fois, il faut sauter sur toutes les occasions de se former.
Tu as participé au programme Deental à Cannes, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce programme et ce vous avez pu acquérir lors de cette rencontre ?
Le programme DEENTAL@Cannes est un programme du Centre National du Cinéma et de l’image animée (France), et financé par L’Union Européenne et l’organisation des pays ACP. Il s’agit d’un programme de formation, ateliers et rencontres durant la 76e édition du Festival International du Film de Cannes. J’ai pu candidater en tant que directrice de production sur un projet lauréat des Aides au Cinémas du Monde. Nous étions 4 femmes et 2 hommes à suivre ce programme.
Durant une semaine, nous avons pu échanger avec les professionnels du cinéma du monde entier, qu’ils soient réalisateurs, producteur, distributeurs, festivals ou responsables de fonds. Nous avons également participé à un masterclass de Dora Bouchoucha, une grande productrice tunisienne.
Pour un producteur, le programme DEENTAL@Cannes est une grande opportunité de trouver de potentiels futurs partenaires, mais aussi pour élargir les horizons en termes de financement et de pistes de distribution.
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Tu as présenté le film « Chez les zébus francophones » lors du pitch, comment ce film a été reçu et quelle sera la prochaine étape pour le projet ?
Le pitch du film s’est très bien passé et nous avons eu plusieurs marques d’intérêts de la part de festivals et d’autres partenaires. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer sa première mondiale, nous espérons le sortir en festivals avant la fin de l’année. Nous sommes également à la recherche de partenaires pour une plus large diffusion auprès des malgaches du pays et de la diaspora, tels que les associations, centres culturels ou ONGs.