Disco Afrika : Un film à l’image actuelle de la jeunesse africaine.
- Rédaction
- Cinéma, Culture261, Madagascar, Malagasy
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Comment raconter l’histoire d’un continent à travers un pays, et celle d’un pays à travers l’histoire d’un jeune homme ? C’est sûrement l’énigme qui animait Luck Razanajaona lors de l’écriture de son long métrage de fiction « Disco Afrika, une histoire malgache », présenté en première à Madagascar au début de ce mois de novembre. Disco Afrika raconte l’histoire de Kwame, un jeune homme en quête de ses repères. Entre précarité chronique, chômage, environnement politico-social en détresse et une vision du monde limitée, Kwame personnifie le jeune Africain lambda.
Dès le début du film, le tableau est posé : Madagascar est en pleine crise politique. Les premières séquences se déroulent dans l’ambiance dramatique d’une mine clandestine où toutes les générations se côtoient pour tenter leur chance de trouver un filon de saphir. Mais le destin de Kwame et de ses compagnons bascule lorsque des spéculateurs s’emparent de leur mine par la force. Kwame se retrouve ainsi à la case départ, chez lui, aux côtés de sa mère. C’est aussi pour lui le début d’une quête identitaire qui le conduit à fouiller dans son passé et à s’interroger sur la cause du décès de son père. Mais les réponses ne tombent goutte à goutte, et il comprend que l’histoire ne fait que se répéter. Cependant, il comprit qu’il a le pouvoir de briser cette fatalité.
Disco Afrika projette à l’écran la prise de conscience d’un peuple, écrasé par la corruption et la violence militaire, en quête d’un bon filon pour se libérer. C’est le manifeste d’une génération, celle de Luck Razanajaona, qui doit rompre avec les schémas du passé et construire un avenir plus juste pour son pays.
Ce film est le produit d’une longue observation menée par le réalisateur. « J’ai commencé à écrire ce film en 2011, quand nous étions encore à l’école de cinéma (Ndlr : à l’ESAV Marrakech). Quand j’ai montré le script à quelques amis, ils ont tout de suite été conquis par l’histoire et son authenticité. Depuis, je l’ai nourri et ne l’ai plus lâché », se confie-t-il lors de la présentation de ce film au public malgache.
Professionnalisme et résilience
La force de ce film réside dans sa proximité avec la réalité, accentuée par l’originalité du casting composé d’acteurs amateurs. En effet, l’acteur Parista Sambo fait ses débuts au cinéma en incarnant le personnage principal de Kwame. Ce rôle lui colle pourtant à la peau, car ce film reflète son quotidien. Les dialogues sortent ainsi naturellement, même si on peut reprocher au film des répliques parfois molles, ce qui casse le rythme.
Ces défauts sont pourtant amplement rattrapés par un mixage sonore riche et maîtrisé, ainsi qu’une direction photographique qui ajoute une dimension émouvante à l’histoire jusque dans les séquences en pénombre. Si l’environnement de production cinématographique malgache et son manque d’écoles de cinéma handicapent encore ce film, les éléments techniques contribuent à renforcer l’émotion et l’immersion du spectateur. Pour ce film, Luck Razanajaona s’est entouré des meilleurs techniciens dans leurs domaines respectifs, tout en tenant compte des aléas du cinéma en Afrique. Les clins d’œil aux jalons de l’histoire du vieux continent apportent une touche panafricaine que le film convoite, appuyée par une bande musicale bien choisie qui rappelle l’âge d’or du mouvement panafricaniste des années 70. Le choix de décors naturels confère aussi au film une grande authenticité, en particulier dans la représentation des difficultés rencontrées par les jeunes.
Disco Afrika, une histoire malgache est un film actuel et intemporel, à l’écho du continent noir en perpétuel débat pour se remettre de son passé tumultueux. Cette Afrique qui passe la main sa jeunesse pour changer les choses. Ce film apporte ainsi des pistes pour raviver cette volonté de changement. Disco Afrika, une histoire malgache est salué pour son engagement social et sa capacité à toucher un large public, en particulier les jeunes africains. Le film est perçu comme une œuvre importante dans le paysage cinématographique malgache et africain, d’où ses nombreuses récompenses à l’international et dans les festivals en Afrique.
Le film est programmé en salle ce mois de Novembre à Madagascar, au Cinépax et Canal Olympia Iarivo, et fait le tour des festivals à l’international.