Rec Madagascar Project : une résidence d’écriture pour combler l’absence d’école de cinéma.
- Rédaction
- Asa sary, Cinéma, Culture, Culture261, Madagascar
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Un appel à candidature pour une résidence d’écriture cinématographique est lancé depuis le 15 mai par Rec Madagasacar Project. Deux associations de renom dans le 7ème art – Asa Sary et AriART – se sont réunies afin de mettre en place des projets ambitieux car force est de constater que le cinéma malagasy n’est pas dans sa meilleure forme.
Cette résidence a donc comme objectif de trouver de nouveaux talents, des passionnés et des aspirants professionnels du métier de cinéma. Car ce dernier n’est pas seulement un art mais également une industrie. En tant qu’art, il a pour mission de véhiculer une idée, une civilisation et la culture d’une société donnée. Et en tant que métier, il doit permettre aux professionnels d’en vivre.
Pour ce faire, le programme se déroulera en plusieurs étapes afin d’aboutir à la sélection des meilleurs projets de films pour des résidences d’écriture. 3 phases seront initiées en 2017. Il se conclura fin 2018 par une grande rencontre cinématographique en partenariat avec les îles sœurs de l’Océan Indien. La première résidence se tiendra à Antananarivo ce 7 et 10-11 juin 2017.
Pour plus de précisions, nous avons rencontré Nantenaina Lova, documentariste et président d’Asa Sary, afin d’apporter de plus amples explications sur le déroulement de cette résidence. Le formulaire d’appel à projet de film est à télécharger sur la page facebook de Rec Madagascar Project.
C261 * : Qu’est-ce qu’une résidence d’écriture?
Nantenaina Lova – : Comme son nom l’indique, c’est une activité d’écriture d’un film à un moment donné dans un espace dédié ou aménagé pour cela. Les auteurs de projets de films sont regroupés et encadrés afin qu’ils puissent écrire leur film.
Tous les auteurs savent qu’il est compliqué de se consacrer à l’écriture quand on est dans notre vie quotidienne parce qu’on est accaparé par diverses choses qu’on doit assumer sur le moment et on oublie notre travail.
Pour faire un beau film, il faut créer cet espace-temps qui favorise la réflexion sur notre projet de film. La résidence est l’un des moyens qui permettent cela. Et on a vu lors des dernières RFC que les plus beaux films sont les mieux écrits que cela soit en documentaire ou en fiction.
On a tort de penser qu’un film peut se faire un mois avant la clôture de l’appel à film. C’est un projet qui se mûrit dans le temps. On doit le confronter aux critiques, discuter et si possible se faire suivre par des professionnels sinon on se plante.
* Pourquoi cette collaboration entre 2 assos pour une résidence destinée aux cinéastes?
– On a trouvé qu’on avait les mêmes objectifs même si AriArt est une association pluridisciplinaire. Quant à Asa Sary, on a déjà 5 années d’expérience dans l’organisation d’une résidence d’écriture qu’on a faite à Toamasina dans le cadre du programme DOC OI. Et chaque association propose déjà un accompagnement pour les membres dans nos activités mais on a constaté qu’il n’y avait pas de résidence de cinéma à Madagascar pour améliorer la qualité de nos films.
D’un commun accord, on a décidé de monter ensemble ce projet. On décide d’ouvrir l’appel à candidature à l’ensemble du territoire national. On espère recevoir de beaux projets de films venant des 4 coins de l’île parce qu’on est convaincus qu’il y a des auteurs qu’on ne connait pas encore dans les autres régions.
Peut-être, plus tard, les autres associations nous rejoindront aussi dans cette initiative pour les prochaines éditions parce qu’il est important d’unir les forces dans le secteur du cinéma.
Les 2 associations sont conscientes du fait que si on ne propose rien maintenant, il risque d’y avoir « un trou générationnel » dans le pays comme c’était le cas avant pour l’après génération 70. Et cette collaboration est importante pour pallier l’inexistence d’école de cinéma dans le pays.
Pour cette édition, Asa Sary s’occupe du volet documentaire et AriArt prend en charge les projets de fiction mais on reste ouverts pour les projets hybrides.
* Que recherchez-vous chez les candidats qui vont postuler?
– On cherche de beaux projets de films. Des univers et surtout des auteurs sérieux capables d’aller jusqu’au bout contre vents et marées pour accoucher des films. La motivation est importante. On posera surtout la question : pourquoi vouloir faire un film alors que les autres arts permettent aussi l’expression artistique ? Et enfin, on ne donne pas de certificat, ni de diplôme, le film qui sera fait au bout de ce processus reste la seule référence dans le cinéma.
La maîtrise du français est aussi indispensable afin qu’on puisse convaincre, plus tard, un producteur international de travailler avec un(e) auteur(e) si le projet de film nécessite ce type d’accompagnement.
Et enfin, on cherche ceux qui sont capables de travailler en équipe et capables de se remettre en question afin d’améliorer leurs projets de films.
Chaque Association proposera son formateur, le plus expérimenté de tous. Celui ou celle qui connaît bien l’industrie du cinéma, de l’idée de projet à la distribution d’un film.
C’est aussi une forme de partage d’expérience afin que les résidents puissent s’appuyer sur eux pour avancer.
On prend les 20 meilleurs projets de films, 10 documentaires et 10 projets de fiction, avec leurs auteur(es) en résidence. Les candidats peuvent être sollicités pour passer un entretien afin de jauger leur motivation si nécessaire.
C’est un investissement important pour nos structures ne serait-ce qu’en terme de temps et on ne compte pas se tromper dans le «casting » des résidents.