Conférence : Audio visuel et cinéma malgaches, vers une industrialisation de la production?
- Rédaction
- Cinéma, Culture261, Malagasy
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Le secteur de l’audiovisuel et du cinéma est en pleine effervescence en ce moment. Les petites boîtes se créent ici et là, essaient d’apporter une évolution dans le paysage local, et osent même attaquer la scène internationale. Une évolution que les membres de l’Association des Anciens de l’ENA à Madagascar ont constatée et qui les a poussés à organiser la conférence autour de la question « La production audiovisuelle à Madagascar : vers une Industrialisation ? » jeudi 2 mars à l’Institut Français de Madagascar.
Cette conférence a réuni presque tous les professionnels du secteur, des réalisateurs aux producteurs en passant par les techniciens professionnels de l’image et du son. L’Office Malgache du Cinéma (Omaci), représenté par son directeur et quelques membres de son staff, était présent lors de cet événement. On remarque tout de même l’absence des diffuseurs, un des acteurs principaux du secteur. Cette conférence voulait rassembler tout ces acteur de l’audio visuel, par extension les professionnels du son, de l’image et de l’animation.
Du coté des panélistes, trois grands noms de l’audiovisuel ont apporté les éléments majeurs de cette conférence : Tsiry Andrianatoandro , fondateur et directeur de Malagasy graphics SARL, anciennement appelé Sary sy Feo ; Mamihasina Raminosoa, représentant de la maison de production américaine DDC à Madagascar et Tsilavina Ralaindimby, actuellement Directeur de la communication de la présidence de Madagascar, ancien Ministre de la culture et de la communication mais également une des figures de l’audiovisuel dans le pays avec, à son actif, des trentaines de documentaires.
Un secteur en manque de personnel :
Pour son intervention, Tsiry Andrianatoandro a fait un constat sur la situation technique de ce secteur. Lui, qui a débuté sa carrière en 2000 « avec presque rien » sauf ses idées et les recherches qu’il a menées en regardant les clips vidéo des artistes étrangers. Car comme il a fait remarquer, à l’époque, il n’y avait pas encore d’école spécialisée dans le métier de l’audiovisuel. Autodidacte, il a en quelque sorte révolutionné la manière de faire des clips musicaux en introduisant un scenario dans le processus de réalisation et de production. Actuellement, malgré les multitudes d’écoles en « multimédia et communication» qui se sont créées, le secteur manque encore de personnel hautement qualifié dans certaines branches. Notre intervenant déplore particulièrement le manque de distributeurs dans la chaîne de production audiovisuel.
Une réalité que le deuxième intervenant a remarquée également lors de son intervention. Mamihasina est aussi un autodidacte. Il a pourtant fait savoir que les malgaches avaient un sens de la créativité et artistique qu’on ne retrouve pas dans les autres pays africains. L’existence d’un festival et la sortie de quelques films primés à l’international est la preuve de cette créativité. Il propose alors aux professionnels malgaches de s’ouvrir aux productions étrangères. Ces rencontres et ces coopérations vont surement accroître notre savoir-faire. Seulement, notre réseau de distribution est très faible, voire inexistant.
La production malgache a pourtant son public, ses consommateurs. Pour ne pas prendre que les chiffre sur la vente de DVD d’une fiction malgache, vers les années 2000, un seul producteur a pu écouler sur le marché local 200 000 disques, et actuellement, malgré les defauts techniques flagrants, le marché est encore à la demande de produits malgaches. Malheureusement, l’offre et la demande ne se rencontrent pas toujours. Une demande qui est actuellement estimée à 500 000 de consommateurs. Il déplore l’absence d’un quota pour les productions locales dans les chaînes de télévision et stations radio locales. Ces chaînes devront assurer la promotion de ces produits auprès de son auditoire.
Se rassembler pour mieux produire.
De ce fait, le doyen des 3 intervenants, Tsilavina Ralaindimby suggère alors la création d’un bureau de tournage. Car force est de constater que les règlements qui régissent les tournages de films documentaires et reportages ou de fiction sur le territoire malgache sont maladroits, pour ne pas dire bancals. En effet, pour une production étrangère, le producteur doit débourser 3 000 Euros de droit de tournage en plus des paperasses difficilement acquises au niveau de diverses institutions. Un montant exorbitant pour certains producteurs. Aucune autre obligation ne lui est demandée.
Il faut donc remédier à ces lacunes et trouver des solutions intelligentes, comme le système de points sur le nombre de personnels techniques affectés aux tournages. La mise en place de cette structure d’accueil doit faire partie d’une politique nationale du cinéma que les Ministères consernés vont mettre en place durant les prochaines années. Les solutions doivent également faire preuve de rigueur sur la protection des valeurs culturelles de Madagascar.
En tout cas, l’Omaci élabore en ce moment son document cadre d’actions prioritaires. Une proposition de loi sur la cinématographie a aussi été déposée au Conseil du Gouvernement, pour démontrer la volonté de cet organisme de professionnaliser le secteur. Son directeur Bon Temps Ramitandrinarivo appelle ainsi les professionnels à intégrer cette structure pour la rendre plus efficace, garante de l’avenir de ce secteur, et pourquoi pas, son industrialisation dans le futur.