Un soir, en rentrant chez lui, le regard d’un artiste peintre a été attiré par un morceau d’écorce de bananier. Sur ce bout de déchet, il aperçoit une forme de vague, une plage, un horizon. Comme une apparition, l’image lui est gravée dans la tête et l’incite à prendre ses pinceaux et à essayer un nouveau procédé : la peinture sur écorce de bananier. Cet artiste, c’est Dolph. Peintre depuis son adolescence, il a suivi de près les évolutions de ses peintres aînés.

Il se souvient que jeune, il a pris l’habitude de venir à l’atelier de Jean Jacques à Ambondrona. Il admirait les coups de pinceaux de celui-ci mais n’osait pas lui demander de lui apprendre l’art. Ce n’est seulement qu’une fois chez lui qu’il a tenté de mettre sur toile ses inspirations. Comme tout peintre de sa génération, il s’initie à la peinture à l’huile sur toile. Mais curieux comme il est, il tente aussi plusieurs combinaisons.

Ce n’est donc qu’en 2015 qu’il a décidé de se spécialiser dans la peinture sur écorces de bananier. Après plusieurs recherches personnelles, il a enfin maîtrisé sa matière. Comme une écorce est un tissu naturel, elle nécessite certaines préparations avant d’être utilisée. Mais sa structure, les motifs naturels, et ses défauts forment déjà une ébauche de dessin. Seul Dolphe avec son œil d’artiste sait déchiffrer ces formes.

Grand rêveur mais ayant aussi les pieds sur terre, l’artiste trouve dans ses tableaux une bonne expression de sa personnalité. Originaire du hameau d’Ambohimanambola, la vie paysanne et la tranquillité des lieux attisent son imagination. Il y trouve aussi facilement sa matière première. Les bananiers y sont plantés par milliers.

Sur les trentaines de tableaux que Dolph expose au Louvre Antaninarenina, aux côtés de ceux de ses amis Dina Rabearivelo, d’Ange, Moïse, Lemarah et Naivo Haja jusqu’au 31 mai, notre peintre exprime librement ses Emotions vécues, l’intitulé de cette exposition vente.