Le photographe François-Xavier Gbré expose les résultats de sa résidence artistique au sein de la Fondation H à travers une exposition intitulée « Lova ». Attiré par la richesse architecturale de la ville d’Antananarivo, ce photographe franco-ivoirien de renom international a organisé en deux temps, entre janvier et avril 2023, une recherche in situ sur cette mosaïque qui constitue ce patrimoine architectural tananarivien, surtout du centre-ville d’Antananarivo. L’exposition s’installe dans un bâtiment inoccupé depuis plus de 10 ans, situé dans le centre-ville de la capitale malgache, à Isoraka.

François-Xavier Gbré s’est intéressé particulièrement à ce que les strates du temps laissent apparaître dans l’espace public qui devient ainsi témoin de l’histoire d’une famille, d’une communauté et les changements sociaux en général. Sur trois niveaux, le photographe fait croiser dans cette bâtisse laissée dans son état brut le passé et le présent.

Des images d’archives recomposées en de grandes fresques envahissent les murs du rez-de-chaussée. A hauteur d’homme, l’image de Gaule et de Tsiranana dialoguent avec le public. Face à eux, les généraux et hommes politiques de l’époque colonial posent fièrement dans leur tenu d’apparat.

Ces photos rappellent une époque si proche dans le temps, mais trop lointain dans la mémoire collective.

Au premier étage s’installent les produits issus des déambulations du photographe dans la ville des milles. Les murs des maisons traditionnelles, emblématiques de la ville, les singularités des bâtiments administratifs et les installations démesurées caractéristiques de certaines époques républicaines se défilent aux yeux des visiteurs. D’Isoraka, en passant par Analakely jusqu’à l’Université d’Ambohitsaina, la déambulation du photographe lui a permis de lever une banque d’image assez considérable. On y découvre un patrimoine architectural à la fois homogène et disparate, qui retrace l’histoire de la ville.

« J’étais étonné de voir comment les familles transforment leur maison familiale avec des extensions ici et là. Je considère cela comme une volonté de garder une trace du passé tout en considérant les contraintes du présent et du futur » explique le photographe. « Je ne considère pas ces transformations architecturales comme une volonté de dénaturer le caractère pittoresque de cette ville. Je les vois comme une évolution » tient-il à rassurer.

Dans cette espace de l’exposition « Lova », le futur est évoqué au dernier étage, le comble du bâtiment, à travers plusieurs images présentées au cœur d’un jardin. Trois installations intriguent pourtant la curiosité des visiteurs dans cette espace. Encore une fois, le photographe repose la question sur la place de l’archive dans cette société qui regarde vers le futur.

En effet, lors de ses recherches, il avait fait face à un manque considérable d’archive iconographique et cartographique sur le sujet, même auprès des institutions qui gèrent les archives administratives. « Heureusement que nous avons pu collecter des tas de magazines et revues des années 30-60 qu’on a ramassé chez les bouquinistes d’Ambohijatovo, dans lesquels beaucoup d’images d’archives ont pu être tirées, avant que leurs pavillons aient été emportés par l’incendie » s’exalte le photographe. Ce fonds lui a ainsi permis de constituer la partie photographie du passé de son exposition, et surtout de comprendre l’histoire du patrimoine malgache.

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L’exposition « Lova » pose les questionnements sur la valeur que la société malgache donne à son histoire à travers son patrimoine architecturale. Pensée dans une idée de transmission et de mémoire, Lova est une installation photographique qui prend vie dans un bâtiment lui-même symbole du passé architectural de la ville.

Ce projet s’inscrit dans la lignée des expositions dans et hors-les-murs construites par la Fondation H depuis 2019 à Antananarivo et à Paris.

Sélection d’expositions : Biennale de Dakar (Musée des Civilisations Noires, Sénégal, 2022), Shifting dialogues : photography from the Walther Collection (Düsseldorf, Allemagne, 2022), La N*age de l’Éléphant (Galerie Cécile Fakhoury, Côte d’Ivoire, 2021). Ses œuvres sont présentes dans les collections du Centre Pompidou (Paris, France), the Smithsonian Institution (Washington, Usa), Tate Modern (London, UK), Queensland Gallery of Modern Art (Brisbane, Australia), Société Générale (Paris, France), the Walther Collection (NeuUlm, Germany – New York, Usa), le Philadelphia Museum of Art (Usa, 2020), le Chazen Museum of Art – University of Wisconsin (Usa, 2020), la Collection des Rencontres d’Arles (France), la Fondation Blachère (France), le Fonds National d’Art Contemporain (France), le Musée des Confluences, Lyon (France), et la Fondation H (Madagascar). En 2020, François-Xavier Gbré est lauréat du Prix Louis Roederer des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles