Fondation H : Ambitieuse, elle se consacre à l’art africain

« Nous devons changer le narratif de l’Afrique, et il est en train de changer. Nous devons nous lever pour l’Afrique ». C’est avec cette conviction et beaucoup d’émotion que l’homme d’affaires à la tête du groupe Axian, Hassanein Hiridjee, a accueilli ses convives lors de l’avant-première de l’inauguration du nouveau siège de la Fondation H, la branche art et culture du groupe, à Ambatomena. Un signal fort qu’il souhaite donner à l’endroit des artistes, des opérateurs du secteur privé, que Madagascar compte désormais prendre sa place sur la scène de l’art contemporain grâce au partenariat public-privé.

Fondation H

Unique à Madagascar, ce nouveau haut lien de l’art se trouve dans un bâtiment centenaire, réaménagé pour accueillir de larges espaces d’exposition, des salles de résidences d’artistes, une bibliothèque, un café et des locaux d’hébergement. « Nous avons tout fait pour préserver l’authenticité de ce bâtiment. Les briques, le toit en tuile, les bois ont été gradé dans leur état. Ils sont les témoins de l’histoire de ce lieu qui a été délaissé trop longtemps. Certains éléments irrécupérables de la bâtisse ont été reproduits selon les règles de l’art avec des artisans locaux qui ont apporté leur savoir-faire. » Explique fièrement le staff de la Fondation H.

Ce nouvel élan permet ainsi à la fondation de développer des programmes entièrement gratuits comme les grandes expositions internationales de longue durée, monographique ou collective. Sous un commissariat international, ces expositions pourront investir ces 1 500 M carrés d’espace disponible en plein centre-ville d’Antananarivo, Rue Refotaka, Ambatomena. Des conférences, rencontres et ateliers avec les artistes se tiendront également tous les samedis.

Témoin du manque en accompagnement au plus proche des artistes et des publics, en dialogue constant avec le reste du continent, ces structures physiques serviront à élever des « structures mentales de monstration » qui manque encore à Madagascar. Pour ce faire, sept médiateurs culturels animent en permanence le lieu, ouvert au grand public.

H, comme Héritage.

Le président du groupe Axian dédie sa fondation « à la génération à venir ». Le nouvel espace servira ainsi de passerelle et marque le point de départ d’une aventure et d’une prise de conscience pour le futur. Le mot d’ordre est le partage. Une ambition qui se concrétise par la création d’un centre de formation, baptisé Projet Ainga, qui va accompagner les jeunes artistes dans leur recherche. Promotrice également du prix Paritana, la fondation, avec son partenariat avec la Cité internationale des arts à Paris, permet aux artistes lauréats de bénéficier d’un atelier-logement depuis 2017. Cette ambition pousse également la fondation à la constitution d’une collection d’art contemporain majoritairement focalisé sur des artistes du continent africain et de ses diasporas, le mécénat d’expositions internationales et soutenir le rayonnement dans le monde de la création artistique du continent africain.

Hassanein Hiridjee, président du groupe Axian

Une invitation est ainsi lancée à l’endroit des artistes internationaux qui souhaitent emboîter la trajectoire des cinquantaines d’artistes qui ont exposé leur travail avec la Fondation H et les 100 jeunes artistes ayant bénéficié de ses programmes d’accompagnement.

Un clin d’œil particulier est fait aux écoles qui bénéficieront d’une programmation spéciale, baptisée Atelier Hay. Elles peuvent investir la Fondation chaque mercredi après-midi, tout au long de l’année, ainsi que les jeudis après-midi en période de vacances scolaires, pour l’éveil culturel et artistique des enfants.

« Impressionnant, Grandiose. »

L’exposition inaugurale des œuvres de l’artiste tisserande Zoarinivo Razakaritrimo, dite Madame Zo a donné le ton ce 27 avril : la fondation compte faire les choses à l’image d’une Afrique gagnante. Lauréate du prix Paritana en 2020 et décédée subitement quelques mois avant sa résidence à Paris, cette artiste de renom international a débuté sa carrière dans le tissage sur métier traditionnel et métier à pédales en 1985. Ses tableaux sont classés par l’Institution Smithsonian dans son Musée national d’Art africain dans la série Gifts and Blessings : the Textile Arts of Madagascar à Washington DC, aux Etats-Unis.

Horizon
Pirogues
Des toiles de Madame Zo

Madame Zo se distinguait par sa liberté de création. Elle tissait tout, absolument tout ce qui lui tombait sous la main : des bandes magnétiques, des chutes de tissus, des écorces de bois, des fils de cuivre, qu’elle transforme en toile allant jusqu’à 3 x 10 M. Animée d’une grande générosité, elle ouvrait les portes de son atelier à tous, comme elle l’a faite avec Hobisoa Raininoro à ses débuts de carrière de médiatrice culturelle. Aujourd’hui, responsable de la Galerie de la Fondation H, cette dernière souhaite lui rendre hommage à travers une installation impressionnante. Elle a accompagné les deux commissaires de l’exposition, Bérénice Saliou, directrice de l’association Documents d’Artistes La Réunion et le Pr. Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, actuellement professeur au sein du programme de Master en stratégies spatiales à l’École supérieure des Beaux-Arts de Berlin-Weis-sensee dans la mise en place et les recherches autour de cette exposition.

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Reconnaissante envers l’héritage que Madame Zo a légué à l’art contemporain malgache, la Fondation H souhaite rendre hommage à son esprit fédérateur en intitulant cette exposition « Bientôt, je vous tiserai tous », un extrait de sa dernière lettre envoyée aux organisateurs du prix Paritana.

«  J’admire immensément le travail et dont la rencontre, il y a de longues années, a déclenché chez moi une curiosité et un intérêt croissant pour la scène artistique de mon pays et plus largement, du continent africain. Cette rencontre, en m’ouvrant les yeux sur un monde qui m’était jusque-là inconnu, a changé ma vie. » Confie Hassanein Hiridjee.

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