Rakoto rend hommage à Mamasoa.

«Mamasoa » est le titre du nouvel album de Rakoto et The Hillside Bandy. Un titre et une chanson en hommage à une lavandière qui se bat contre une pauvreté chronique depuis trente ans. Rakoto continue encore ainsi à raconter les histoires des hommes et des femmes qu’il a croisés partout dans le monde. Il continue aussi à raconter son histoire en tant qu’étranger dans un continent qu’il apprécie tant bien que mal. Lui, qui se sent désormais citoyen du monde, prend la place des immigrés et réfugiés et dénonce l’inégalité dans I’m just a child et Olon’mainty hoditra.

Rakoto est également un engagé. Il ne mâche pas ses mots contre un système qui déshérite le peuple de ses richesses, l’égoïsme des politiciens et la pauvreté que subissent les malgaches actuellement. Un discours digne de cet artiste indie, baroudeur et qui a toujours réclamé sa liberté.

Car malgré la distance qui le sépare de Madagascar, Rakoto suit avec intérêt  les actualités de son île natale et échange des idées et des informations avec les « zandry kely » restés au pays à qui il a demandé d’écrire les textes de Efao ny adidinao ry vahoaka et Ny tantara no hitsara. Pour lui, ils sont les vrais témoins de ce qui se passe réellement ici. « Je suis vraiment triste concernant cette réalité. Cela fait un demi-siècle qu’on n’avance pas voire même qu’on régresse. Combien de générations vont être sacrifiées encore avant qu’on se relève ? » se demande-t-il.

Ces idées partagées, ces récits deviennent des paroles de chanson. Le chanteur les met sur le son de sa guitare, de sa valiha, de sa guitare basse, de son harmonica, et les fait suivre par le rythme du djembe. Il décrit l’espace où vivent ces gens comme dans la chanson Les jardins communautaires. La mélodie de sa guitare à 12 cordes marque le temps et peint l’atmosphère dans cet espace. Ses chansons sont un mélange de poésie et de chanson à texte. La part sentimentale y est très grande. Chantés en espagnole, en français, en anglais ou en malgache, ses textes interpellent et touchent le cœur et l’esprit.  Il est à l’aise avec son talent d’auteur et surtout, cet album confirme encore une fois qu’il est un grand compositeur.

Album haut en couleur

l'album de Rakoto
l’album de Rakoto

L’album Mamasoa est le fruit de la collaboration entre l’artiste de 56 ans et le groupe The Hillside Band, des musiciens qu’il fréquente depuis qu’il s’est installé dans un petit village à la frontière de l’Espagne. Un groupe de musiciens qu’il s’amuse à appeler THB et avec lesquels il partage des projets et des concerts de temps en temps. Un ton hispanique mélodieux embellit alors cette compilation à 13 titres. Mais Rakoto aime aussi travailler avec les jeunes artistes, d’autant plus que beaucoup d’entre eux sont visibles sur internet, ce qui facilite le contact. « Le malagasy est débrouillard, il sait inventer des choses. Dans l’artistique, il excelle. Je vois la nouvelle génération. Elle a beaucoup de choses à dire, il faut qu’elle s’exprime. Je me dis que les artistes vont réussir là où les politiciens échouent » dixit notre busker.

La chanteuse malgache Vanilla y a donc déposé sa voix aussi bien que Blandine Saint Arroman, Monique Lucian, Stephan Jean, Dylan Sermande et Paco Flores. Ce dernier s’est occupé également de l’arrangement et du mixage de cet album enregistré chez Vaiven Studio en Espagne et GO ! Studio en France. Cristina Flores y a apporté son accordéon, Barriola son pandereta, Riben Martin sa batterie, David Faury sa flute, Dominic Earl sa guitare électrique, Dabid Rendondo son clavier et son saxophone, Nicola Monrancy, Avotriniaina et RaTeksa leurs guitares acoustiques et Safidy sa valiha marovany. Zoelitiana Razafindriantsoa et Elie Andriamihajamanana ont également posé leur plume sur cet album. Celui-ci se démarque par sa magnifique couverture avec des illustrations faites par Sawyer Ralaiarisoa, une autre zandry kely à qui Rakoto fait confiance grâce à son talent.

l’album est illustré par les dessins de Sawyer.

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