Johary Ravaloson : Mon Prix Ivoire est une percée dans la littérature contemporaine.
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Vol à Vif, le roman de Johary Ravaloson édité chez Dodo Vole, est le grand gagnant du Prix Ivoire 2017. « Le jury, présidé par la romancière et dramaturge Werewere Liking, a été séduit par Vol à vif, roman porté par une écriture solide, remarquable, neuve. En conteur moderne, son auteur raconte l’histoire agitée des Dahalo, célèbres voleurs de zébus à Madagascar. Sur cette histoire, Johary Ravaloson couche l’amour ingénu – mais pipé – liant des adolescents que rapproche le destin, et qui ne se savent pas frères. Derrière cet univers heurté et plein de vies blessées, de coups de feu et de sagaie, c’est toute la mémoire des pratiques ancestrales du vol de zébus, la force de la divination sur la vie des hommes et les gestes du pardon qui sont peints. » peut-on lire dans le communiqué de presse publié par Akwaba Culture, initiateur de ce prestigieux prix de littérature africaine d’expression francophone.
Johary Ravaloson a reçu son prix ce 11 novembre à Abidjan lors d’une cérémonie qui s’est tenue à l’Heden Golf Hôtel, à Abidjan. Nous, chez Culture261, avons posé quelques questions à cet auteur sur ses sentiments par rapport à cette nouvelle consécration pour son livre.
Culture261- : Que représente ce prix pour vous ?
Johary Ravaloson* : Un prix distingue un travail accompli et c’est toujours réjouissant pour un auteur d’être lu et reconnu. Le Prix Ivoire en tant que prix de littérature africaine d’expression française signifie cependant davantage pour moi, et me réjouis doublement ; en raison de ces deux qualificatifs :
Tout d’abord, il reconnaît un travail sur la forme. En tant qu’écrivain je m’efforce de trouver une forme particulière à chaque livre. Vol à vif narre l’insécurité dans la brousse malgache, des prédations et des meurtres sur une terre pétrie de culture et de traditions éloignées de la langue française. Il me fallait une langue et une forme particulière pour rendre cela en français. Dans la vie réelle, la police et la justice corrompues n’arrêtent pas nos criminels surtout s’ils sont liés au pouvoir. Il faut une autre autorité qui utilise d’autres méthodes que l’enquête policière et le tribunal pour faire éclater la vérité et la faire admettre. De même, je ne peux pas écrire mon roman comme un simple polar. Il me fallait des circonvolutions et des précautions oratoires, comme on pourrait le faire en kabary, pour faire apparaître entre les lignes écrites en français notre terre et nos vies avec leurs mystères et enchantements.
Le Prix Ivoire reconnaît Vol à vif comme ce qu’il est : un roman malgache sinon africain d’expression française et j’en suis ravi.
Ensuite, le prix permet à cause du retentissement, ou du buzz, comme on dit d’élargir le lectorat, notamment à l’Afrique et aux Africains. Au final, les éditions Dodo vole espèrent nouer des partenariats en Afrique pour une meilleure diffusion voire des rééditions coopératives.
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– Que signifie cette réussite pour la littérature malgache et les auteurs contemporains ?
* Ce prix est une percée dans la littérature contemporaine dominée par les formes définies dans les centres occidentaux. Il signifie que la littérature est plus ouverte qu’on ne le croit. Ceux qui écrivent dans des langues nationales ou en français mais de la périphérie comme moi, nous avons notre part à apporter, notre monde à faire découvrir.
– Comment trouvez-vous la littérature africaine de nos jours ?
* La littérature africaine est très dynamique mais difficile d’accès. La part portée par la diaspora qui s’expriment dans les langues internationales comme le français et l’anglais est la plus visible. Celle écrite et éditée localement gagnerait à être connue.
Les actions d’Akwaba Culture qui attribue le Prix Ivoire sont remarquables et contribuent à la connaissance et à la promotion de la littérature africaine. La coopération entre les éditeurs africains irait également dans le même sens.