Cinéma : l’Omaci au cœur d’une discorde

Les structures de l’Office Malgache du Cinéma, Omaci seront bel et bien abrogées, ainsi que la loi 2017/011 sur le cinéma, l’image animée et la photographie. Une ordonnance portant sur l’abrogation de cette loi va être prise en conseil des ministres dès cette fin de semaine pour approbation.

« Cette loi 2017-011 est anticonstitutionnelle. Il est formellement interdit d’ériger un organe rattaché à un Ministère par une loi » a déclaré le staff du Ministère de la communication et de la culture lors d’une réunion entre les professionnels du secteur du cinéma et le ministère ce 4 avril au siège du Ministère, à Anosy.

Le débat était houleux durant cette rencontre. Les professionnels se disent être pris au dépourvu. Mais, si certains acceptent l’abrogation de la structure, d’autres y sont catégoriquement opposés. Tous sont pourtant d’accord sur le fait que la loi sur la cinématographie à Madagascar a besoin d’une grande révision.

En effet, les cinéastes qui sont pour l’abrogation de l’Omaci reprochent à cet organe et des membre sa lassitude et les gabegies qui y régnaient depuis sa création. Certains évoquent même l’inutilité de la structure et de sa mission dans sa composition actuelle dans la promotion du septième art. Certaines dispositions de la loi constituent également un frein à la création et à l’exploitation cinématographique à Madagascar.

Ces cinéastes dénoncent également l’intégration des autres secteurs de métier tels que la photographie et l’audiovisuel, et même les jeux vidéo dans cette loi de 2017. Ces secteurs ne partagent pas les mêmes visions, donc, ils ne devraient pas être régis par la même loi.

De l’autre côté, ceux qui demandent le maintien de l’Office argumentent sur les avancées déjà effectuées grâce à l’existence d’une structure officielle.

Ils évoquent surtout les acquis sur la création de diverses associations professionnelles regroupant les corps de métiers du cinéma, allant des scénaristes aux programmateurs. Mais surtout, ils se réjouissent de l’équilibre de pouvoir exercé au sein du conseil d’administration de l’Omaci, dans lequel le secteur privé représenté par ces associations peut avoir sa voix face à l’administration ministérielle.

Le point noir que chacun craint aussi est le vide juridique qui va régir le secteur jusqu’à ce qu’une nouvelle loi soit votée. De même, tous ont vu le vide administratif que le secteur du cinéma subira en l’absence de l’Omaci.

Le Directeur Général de la Culture, Francis Alexandre Razafiarison rassure ces professionnels qu’une nouvelle structure sera mise en place ainsi qu’une loi dès la fin de cette année, puisque l’efficacité de l’équipe ministérielle elle-même sera jugée à travers sa capacité à mettre en œuvre une nouvelle politique du cinéma.

Dès la semaine prochaine donc, il fera appel à chacun des secteurs anciennement sous la loi 2017-011 pour se concerter sur la composition des structures et les dispositions d’une nouvelle loi.

Ainsi, le cinéma malgache fait de nouveau face à un défi. Sa crédibilité dépend désormais de l’issue d’une entente entre le pouvoir public et les professionnels.

Les deux parties sont en tout cas conscientes de l’importance d’une nouvelle politique cinématographique, plus ouverte au monde du cinéma actuel, mais surtout pour les avantages culturels et économiques générés par le septième art.

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