Recherche : une thèse sur la peinture malgache du XXe siècle

La place de la peinture dans la vie sociale et artistique malgache fait l’objet d’une recherche en vue d’un doctorat en ce moment. La doctorante Pauline Monginot va soutenir sa thèse intitulée : « Artiste ou mpanakanto ? Construction sociale et stylistique de la figure du peintre dans les villes des Hautes Terres malgaches. L’exemple de Tananarive (1880-1972) » ce 5 avril 2019 à l’Université Paris 7 Diderot.

« Cette thèse propose d’analyser les processus de formation de l’identité de l’artiste peintre dans la société malgache, entre les années 1880, période d’installation des Européens à Antananarivo, et 1972, fin de la première République de Madagascar » peut-on lire sur le résumé de cette présentation dirigée par les Professeurs Faranirina Rajaonah de Université Paris et Diderot Alain Bonnet de l’Université de Bourgogne.

Selon les recherches menées par Pauline Monginot, la peinture est une pratique artistique récente à Madagascar :  » Introduite en 1826 par les Européens, son histoire s’inscrit en parallèle à celle de la colonisation. Pourtant, la peinture devient, pour la société merina, un enjeu de définition des identités et des hiérarchies sociales ».

Ni artistes coloniaux, ni artisans traditionnels, les peintres malgaches doivent pourtant se conformer aux normes imposées par les politiques culturelles coloniales d’une part et, d’autre part, par les usages attribués à l’art dans la société merina. Ils naviguent entre la figure de l’artiste occidental et le mpanakanto, le faiseur de beau.

Cette recherche s’agit donc d’analyser les stratégies établies par ces artistes pour tirer profit des ressources européennes et malgaches afin de faire carrière et d’inventer une identité artistique singulière.

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L’étude des processus qui conduisent les peintres au choix d’une telle carrière révèle les enjeux et besoins auxquels répond la peinture. Ces mêmes processus contribuent à définir les normes et les modèles que la jeune discipline adopte.

L’histoire des peintres pose également la question de la place de l’art dans la société malgache, que ce soit sur le plan économique (marché de l’art) ou patrimonial ; le rôle qu’ils occupent leur permet de s’inscrire dans la société.

Il s’agit également d’envisager les notions de groupe et d’individualité au sein d’un véritable « monde de l’art » caractérisé par des circulations régionales et transnationales intenses. Cette approche réticulaire autorise alors à réinscrire l’histoire de l’art malgache dans une perspective plus globale.

C’est une recherche à suivre de près pour tous les artistes et amateurs de l’art et du patrimoine de Madagascar.

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