Gasy Stand-Uppers : « Les humoristes ne sont pas pris au sérieux »

L’humour est sûrement l’art qui se fait encore discret à Madagascar. Les scènes de spectacles humoristiques se font rares. Des humoristes ont même dû annuler leurs spectacles, car ils n’étaient plus rentables. C’est dans ce tableau noir pourtant que le mouvement Gasy Stand Uppers souhaite réécrire l’histoire de l’humour malgache avec un genre assez méconnu du public : le stand-up.

Par définition, le stand-up est « un monologue comique où un humoriste seul, sans décor, sans accessoire monte sur scène pour raconter des anecdotes vécues ou observées ». Si son origine remonte au XIXe siècle, les plateformes comme Gotham comedy club et Jamel comedy club sont devenus des références ; les villes comme Vienne et Montreux qui accueillent les meilleurs stand uppers francophones ont construit leur réputation sur des festivals de rire. Les humoristes malgaches ne l’ont pourtant adopté que depuis quelques années.

L’idée de monter le Gasy stand uppers, un comedy club malgache vient de trois jeunes fans de spectacles comiques, Aina Maharavo, Mamy Ralijaona et Raytra Belaw’yck. Après avoir pris goût au stand up lors des scènes tests, ils ont décidé de relever le défi : faire connaitre le stand up au public malgache.

« Les humoristes ne sont pas encore considérés comme des artistes. On nous prend juste comme des animateurs qui doivent chauffer la salle avant l’arrivée d’une star », explique Raytra, l’actuel président du mouvement. « En 2021, nous avons donc pris l’initiative de créer cette plateforme. Nous organisons diverses manifestations et spectacles ouverts à tous ceux qui souhaitent se produire sur scène. Jusqu’ici, ce sont les jeunes qui s’y intéressent le plus. » Depuis, les centres culturels à Antananarivo et certains des régions ont ouvert leurs portes à ce genre de spectacle. Les stations télé s’intéressent également à ces nouvelles têtes de l’humour malgache. Pour atteindre un public plus aguerri, les membres du Gasy stand uppers tentent également d’investir les cafés et restaurants. De cette manière et malgré le fait que le stand-up est encore très jeune à Madagascar, chaque apparition suscite la curiosité auprès du public.

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Sans avoir les moyens de l’Ecole Nationale de l’Humour canadienne, ils s’organisent ainsi pour animer des ateliers d’écriture et des scènes tests adressés à des humoristes qui souhaitent améliorer leurs vannes. « Les gens ne se rendent pas compte, mais derrière une blague, il y a tout un travail d’écriture et de réécriture. Et encore, nous devons adapter notre sujet par rapport au public cible » se confie Raytra Belaw’yck. Car malgré son caractère universel, l’humour a aussi ses frontières, et chacun a son niveau de compréhension d’une blague. « On nous dit souvent qu’il ne faut pas plaisanter avec certain sujet. Moi, je fais des blagues sur la politique et j’explore le champ de l’humour noir. Dès fois, je perds une partie du public. »

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