Avec « Ile était une fois », Lova Nantenaina s’interroge sur l’avenir

Dans « Ile était une fois… » (50 min, 2020) , le documentariste Lova Nantenaina nous emmène à la découverte des métiers menacés de disparaitre. Des travailleurs qui vivent en interdépendance avec leur environnement se défilent alors devant l’objectif du cinéaste.  Ce voyage, Lova Nantenaina l’a effectué entre Madagascar et La Réunion, deux iles liées par le sang et par l’histoire.

De Saint-Leu à Itasy, en passant par Tuléar, le cinéaste est parti à la rencontre de ces personnes dans leurs lieux de vie et de travail pour recueillir leur histoire. Ile était une fois est ainsi présenté sous forme de carnet de voyage.

L’affiche du film

On découvre Inel, le chasseur de larves de guêpes et son jardin potager qui le nourrit toute l’année.  On porte attention à l’histoire de Charline, la seule, sûrement la dernière tisserande de soie de son village. Elle partage avec Vincent son combat contre les bulldozers des chinois à Soamahamanina. Il y a aussi Ti Jean et Tsizafy qui confessent sur leur métier de saunier. Tsizafy, lui, il s’inquiète en particulier sur l’avenir de ses bassins face aux menaces d’une grande exploitation minière dans la région.

Avec ce film, Lova Nantenaina réaffirme sa volonté de faire des films qui servent la vision du monde par ces personnes qui sont souvent oubliées par les médias et les grandes théories du développement.

En plus d’un Caméo, ses interventions en hors champ relient les thématiques du film.

Ile était une fois aborde ainsi la protection de l’environnement, la grande consommation et les valeurs actuelles, la place de la biodiversité dans la survie de l’homme. Le film remet même au centre de la discussion la définition de « richesse » face à l’engouement vers l’exploitation des ressources forestières et minières. Il fascine également par l’audace et le courage que ces personnages font preuve. On tombe en admiration de leur attachement à la terre nourricière.

Ce documentaire marie les images tournées, à hauteur d’homme comme Lova Nantenaina a l’habitude de faire, et l’animation. Le résultat donne ainsi un film riche au visuel. Lova a fait de ce film un chef-d’œuvre, tant sur l’intemporalité de son sujet que par son dispositif.

Après Zanaka, ainsi parlait Felix qui interpelle sur le passé et son héritage, Ady Gasy qui se présente comme une prise de conscience par rapport à notre monde contemporain et la mondialisation, voilà que le cinéaste malgache se tourne vers le futur et ce que nous léguons à nos enfants. Ces interrogations sont en tout cas légitimes, d’autant plus que le film à été écrit en pleine période plus que bouleversante de pandémie de covid19. Paul Henri Randrianome et Stephane Lai Wai vont même jusqu’à se demander « Est-ce que nos enfants gouteront ils encore la douceur du miel » dans les paroles de la musique de ce film.

Dans une démarche plus intimiste et plus proche du noyau d’une nation qu’est la famille, Lova Nantenaina a donc fait de Ile était une fois un film qu’on ne se lassera pas de revisionner.

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