Décès de Paul Congo : « c’est toute une bibliothèque qui brûle »

Madagascar perd un de ses éminents conteurs. Paul Congo est décédé le 4 février dernier. Paul Jaoravoana dans son état civil, il était un fervent défenseur des traditions sakalava et antakarana. Mais surtout, il était un gardien de ce patrimoine immatériel qu’est l’orature.

Sa voix rauque, son intonation et ses récits ont bercé les jeunes dans les années 90 quand il a investi la radio nationale malgache (et avec quelques passages à la télévision) pour raconter les histoires et les traditions. Pour lui, la transmission du savoir passe par l’oralité : contes, mythes, proverbes, devinettes, adages… Il a voué sa vie à faire aimer l’histoire et la culture à ses auditeurs.

Originaire d’Ambanja, il s’est installé à Antsiranana où il a occupé le poste de chef de service de la promotion de l’art et de la culture au sein de la direction régionale de la communication et de la culture de DIANA.  Nombreux sont ainsi les artistes qui témoignent de sa générosité et de sa volonté naturelle de transmettre ses connaissances et ses expériences aux jeunes. Il a été érigé par ces derniers au rang d’Olobe, un patriarche dans ce vivier culturel de la partie septentrionale de Madagascar. Il était entre autres initiatives à l’origine de la branche antsirananais du FIMPIMA, ou Fikambanan’ny mpikabary malagasy. Il a beaucoup apporté à cette association dont il était président d’honneur.

Oraliture : La littérature orale

Paul Congo défend son attachement à cette culture littéraire qui valorise la production non écrite mais créée pour être racontées avec le goût de la parole. Un patrimoine cher à l’humanité, et surtout pour Madagascar.

A lire aussi : Cerveau Kotoson, artistes pluridisciplinaire du Nord.

Momo Jaomanonga : La littérature en langue antakarana.

Au pays du lovan-tsofina, où la transmission des connaissances se font à travers les angano et tantara, les contes et histoires, de génération en génération est une institution, Paul Congo et son immense savoir et une véritable encyclopédie. D’autant plus qu’il a pris soin de rassembler dans sa demeure des centaines d’archives sur l’histoire de Madagascar et les traditions malgaches. Des supports matériels qui alimentent sa curiosité pour orner ses récits.

En plus d’être un exceptionnel conteur, Paul Congo était également un remarquable chercheur. Les enseignants de l’Université d’Antsiranana lui ont maintes fois convié pour partager ses réflexions sur des thématiques académiques et artistiques. Ce qui lui a valu son Commandeur de l’ordre national et son Commandeur des arts, des lettres et de la culture. Des distinctions honorifiques à l’image du respect que ses confrères et toute une génération doivent à ce grand homme de la culture. Comme disait Amadou Hampâté Bâ, avec cette disparition de Paul Congo, « c’est toute une bibliothèque qui brûle ».

Leave A Comment